Bethléem, février 2021

Mardi matin, 07.30 sur le chemin du travail, dans la vieille ville de Bethléem

Quelques bonjours, un arrêt à la boulangerie des frères Salésiens…. un groupe d’hommes boivent le café avant l’ouverture de leurs magasins, les femmes des villages étalent tout le long de la rue de Madbasseh leurs fruits et légumes cueillis le matin même !

En marchant j’attends l’instant où, entre façades, ruelles et verdure se dessine tout à coup une ouverture sur le désert, Al Abadiyye, Zaatara, Beit Salah….. ces villages magnifiques assis au sommet des collines. Tout cela me fait du bien. Ce qui est beau est important.

Rien ne laisse paraître la moindre inquiétude liée au fameux Virus….

Les autorités locales et la police avaient un certain temps interdit les vendeurs de rue (Bastat) mais ce monde paysan a très vite eu raison des quelques menaces proférées et aussitôt envolées…Les policiers ne sont-ils pas eux-mêmes pour beaucoup, fils, neveux, frères de ces mêmes vendeurs ?

Les rues de Bethléem grouillent de monde. Seul le froid et la pluie de ces derniers jours ont rendu les gens casaniers.

Comme partout, Facebook nous bombarde d’annonces, de nouveaux cas d’infections et, depuis peu, de statistiques avec en plus ceux ou celles qui sont infectés par le Covid mutant.

A part quelques personnes directement concernées, la population parle sans conviction de l’arrivée éventuelle de vaccins mais dont tout le monde ignore la provenance.

Les élections annoncées en Palestine viennent voler la vedette au Coronavirus. Là aussi, il y a une grande attente, mais en même temps, pas trop d’illusions pour le changement et l’amélioration de la situation générale du pays. Les dernières élections parlementaires datent d’il y a de 12 à 15 ans, les communales de 4 ans. Cela va bien occuper les esprits et faire un temps oublier la situation très fragile du pays.

Ce peuple est tellement entrainé aux différentes formes d’injustice depuis si longtemps, et d’où qu’elles proviennent, qu’il traverse cette nouvelle épreuve avec un certain ” mépris”. Le confinement tel qu’il est présenté et vécu en Europe n’est pas du tout appliqué ici. Surtout pas dans les camps de réfugiés. Le « confinement » c’est une chose, sous occupation c’en est une autre !

En résumé, la vie continue : à part les fermetures hebdomadaires, les situations individuelles difficiles, les décisions prises par certaines écoles pour raisons sanitaires. Dans le cadre de notre travail, nous avons appris à vivre au jour le jour. Nous nous tenons toujours prêts, très actifs dans nos réunions, nos partages, notre atelier de productions divers ; et, vraiment, Dieu soit loué, le moral de la troupe reste au beau fixe !

A force d’en rêver, les collègues ont fabriqué de superbes pompons blancs et boules de papier en grand nombre ; et, tout en y travaillant, ils ont imaginé la joie des gosses et leur propre joie pendant ces activités à créer autour de la NEIGE. 

Avec le support d’une petite histoire pour commencer, illustrer l’imaginaire des enfants et l’enthousiasme de l’adulte ont donné la chance à tous de vivre un moment merveilleux. Merci aux petits et aux grands de garder cette énergie sans faille !

Ce que nous apportons et partageons dans les classes est plus que jamais d’une grande richesse.

Les enfants souffrent sans aucun doute de ce rythme “d’ordres et de contre-ordres”, du manque de suivi, de perspectives, d’espaces de jeux.

Notre plan d’action est prêt. Notre équipe aussi… Les enfants sont là…

Alors nous gardons tous Espoir pour des jours meilleurs, et faisons tout ce qui est possible avec toujours le même enthousiasme et les mêmes convictions.


Lisa Abou Laban Julen